jeudi 22 janvier 2009

Capital

Cette semaine, j'ai un avant-goût de ce que sera mon futur job.

Je tourne avec la jeune femme enceinte que je vais remplacer pendant son congé maternité.
Le but, cette semaine, est de me montrer ce qu'est le boulot exactement mais aussi et surtout, de me présenter à toutes les personnes avec qui je vais travailler.

Pour faire simple, je vais être spécialisée en crédits immobiliers et être en contact permanent avec des prescripteurs immobiliers, des courtiers en crédits pour la plupart.

Hier, nous avons fait une petit escale au "train du crédit immobilier" à la gare de Bordeaux Saint Jean. Il s'agit d'un train qui sillonne la France pour parler de financement. Le courtier organisateur de cette manifestation veut prouver que "les banques prêtent mais qu'on ne nous le dit pas".


Sur les lieux, M6 et les caméras de Capital étaient présents. Quand nous les avons vu s'approcher, nous nous sommes effacées.

Aujourd'hui, parmi les prescripteurs que j'ai rencontrés, il en est un, très sympathique au demeurant, qui nous annonce que la télé va arriver d'une minute à l'autre pour le filmer.
Nous voyons débarquer la même équipe que la veille qui se rappelle bien de nous et qui nous propose de nous filmer dans le cadre de leur prochain reportage à savoir : "il y a des courtiers, il y a des banques qui se bougent pour faire des crédits".
Faisant partie d'un très grand groupe bancaire, il est bien évident que nous ne maîtrisons pas les choses et que nous ne pouvons pas, sans autorisation, apparaître dans un reportage télévisé. Il y a des responsables de la communication qui sont là pour gérer ce type de chose. Nous expliquons ça au journaliste qui ne comprend pas. Devant l'insistance du journaliste, nous appelons notre hiérarchique. il demande à lui parler. Le ton monte.
Nous avons beau expliquer que nous n'avons pas le droit de participer à ce genre de reportage, même sans citer le nom de la banque, même en nous "floutant" le visage...
Le journaliste est furieux et nous menace du coup de citer la banque mais pour dire qu'elle a refusé d'être interviewée, et que c'est certainement parce qu'elle a des choses à cacher et effectivement elle n'octroie de crédits... Ça sera vu par quelques 5 millions de téléspectateurs et que ce sera bien fait pour nous.
Nous nous agaçons un peu face à l'agressivité de ce journaliste qui visiblement n'a pas grand chose à présenter pour son futur reportage et qui du coup devient hargneux.
Quand il dit que les banques ne se bougent pas, nous lui rétorquons que nous nous bougeons nous. La preuve, il nous a vues hier à la gare. Ils nous retrouvent aujourd'hui chez ce pauvre courtier (qui ne savait plus où se mettre). Je lui dis que même dans son état (je vous rappelle que ma collègue est enceinte jusqu'aux dents), nous arpentons les rues pour rencontrer nos prescripteurs et récupérer des dossiers.
Et que lui qui se vantent d'être un journaliste intègre qui ne dit que la vérité, il faut qu'il dise qu'il y a des banques qui se bougent, qu'il y a des banques qui n'ont jamais revu à la baisse les conditions d'octroi de crédits sous prétexte que nous sommes en crise...
Je l'aurais volontiers explosé contre le mur ce journaliste à la noix avec son pull tricoté par sa mamie.
Ça m'aurait bien plu moi de pouvoir vous dire "regardez Capital dimanche prochain, vous me verrez en plein boulot..." mais je n'en ai pas le droit. C'est comme ça.
A croire qu'il n'avait rien d'autre à se mettre sous la dent ce journaliste.

Vous savez pas ? Et bien on n'a pas un métier facile !!

Ils ont fini par aller se calmer dehors.
Du coup, quand le calme est revenu, au moment où le stress est retombé, j'ai mangé le morceau de sucre que je n'avais pas mis dans mon café, juste par réflexe, et ma collègue a grimacé un peu parce que le bébé bougeait. Du coup, notre gentil prescripteur a paniqué et a dû croire qu'elle allait accoucher sur place. Il lui a proposé un café, puis un déca, puis un verre d'eau...
Remarque, si elle avait accouché là, Capital aurait toujours pu faire un reportage sur les femmes au boulot et la maternité, prendre comme exemple Rachida Dati et enchaîner en disant que même dans les banques, on est sur le terrain jusqu'au bout. Et ils auraient pu offrir à ma collègue la vidéo de la naissance.

Vraiment, j'ai trouvé ce journaliste trop insistant, trop agressif, à la limite de la l'impolitesse.

Donc s'il y a un reportage sur les crédits immobiliers dans le prochain Capital, je ne manquerais pas de vous en mettre une petite vidéo.
J'espère que pendant la dispute, ils n'étaient pas équipés d'une caméra cachée ;-)
Et j'espère que pendant qu'ils sont allés boire un café dehors, ils n'avaient pas laissé leurs micros branchés ;-)

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Votre réaction est professionnelle et tout à fait compréhensible. Toutefois, nous apprécions tous et toutes les "vrais reportages" et les séances de caméras cachées mais si ça me tombait dessus je ne sais pas quelle serait ma réaction... C'est le système économique dans sa globalité qui est perverti.

Bleck

Anonyme a dit…

C'est incroyable ! Et après, ils se vantent de l'objectivité et l'honnêteté de leur reportage !

Anonyme a dit…

Dis Lou, faut que tu te bouges ! Manue vient de me rappeler à l'ordre, il ne te reste q'une journée pour lui envoyer un petit mot.
Parce que c'est pas le tout de faire la star et de passer à la télé, hein ?
Bisous ;-)

Unknown a dit…

J'aime pas la nouvelle formule de capital de tte facon...

mode raleuse, off

Anonyme a dit…

La phrase de l'annee 2009:"Je l'aurais volontiers explosé contre le mur ce journaliste à la noix avec son pull tricoté par sa mamie."

Cette phrase me fait bien rire.

Anonyme a dit…

...mmh c'est la crise ;)

C'est pas facile ! a dit…

@ Bleck : notre réaction a été strictement professionnelle. Nous n'avions pas le choix, mais j'aurais quand même bien aimé passer à la télé ;-)

@ Natacha : c'est clair !

@ Philémon : c'est fait !

@ Kaki : et toc !

@ Francois : ;-)

@ 1fillecommeca : Tu l'as dit !