Lundi dernier, j'ai eu la chance d'accompagner ma Brindille et toute sa classe pour visiter les archives départementales de Bordeaux. Ma Brindille vous fait un exposé parfait là.
Quand je suis arrivée dans le groupe, j'ai entendu des chuchotements :"C'est la maman de qui ?".
Les petites copines accourent pour me faire la bise, et pour montrer fièrement qu'elles me connaissent.
Me retrouver dans la classe où étudie ma fille, rencontrer les enfants qu'elle fréquente chaque jour, écouter la maîtresse qui l'aide à préparer son avenir, tout ça m'émeut toujours. J'ai l'impression de pénétrer dans son monde. J'en suis presque gênée. Elle, pas du tout. Je me fais toute petite. J'essaie de ne pas regarder qu'elle. Bizarrement, c'est très intimidant.Les petites copines accourent pour me faire la bise, et pour montrer fièrement qu'elles me connaissent.
Je la vois évoluer auprès de ses copines, je vois les taquineries des garçons. Je la vois concentrée sur son travail, se tortillant une mèche de cheveux ou mordant son stylo pour réfléchir. Je la vois lever le doigt pour répondre. Je la vois se tromper et rougir, mais je la vois aussi donner la bonne réponse. Là, j'ai envie de dire : "C'est ma fille !!".
J'ai eu la chance de ne pas avoir dans mon groupe les enfants les plus difficiles. La maîtresse les a gardés avec elle. Elle les connaît bien.
Ils sont plutôt drôles et pas méchants ces jeunes garçons avec leurs longues mèches qui leur cachent les yeux, avec leurs pantalons portés très bas... Ils font surtout bien rire les filles.
Une petite fille de la classe m'a beaucoup touchée. Coline. Une petite fille solitaire, plutôt triste.
Elle monte dans le bus et s'assoie. Personne ne viendra s'asseoir à côté d'elle. Elle le sait. C'est comme ça.
Elle écoute les conversations animées autour d'elle. Elle sourit parfois en entendant les bêtises des autres enfants... ces autres enfants qui vivent leur vie d'écolier sans se soucier d'elle. Les garçons l'embêtent souvent. Ils lui tirent les cheveux. Ils se moquent de ses lunettes. Ils secouent le fauteuil du bus où elle est assise. Elle reste impassible. Elle ne réagit pas. Pas un sourire, pas une mimique d'agacement. Rien. Elle est habituée. Elle est blasée.
Elle m'a fait mal au cœur.
Quand j'ai demandé à ma brindille si elle n'avait pas une copine dans sa classe ? Elle m'a répondu que non, qu'elle était toujours toute seule.
Pourquoi ?
On ne sait pas. C'est comme ça. Personne ne l'aime. Il n'y a rien à faire, rien à dire. C'est comme ça.
Plusieurs fois, j'ai croisé son regard. Nous avons échangé un sourire.
J'avais envie d'aller la voir, d'aller lui dire que ce ne serait pas toujours comme ça... Mais qu'est-ce que j'en sais moi ?? Peu importe, j'avais quand même envie de lui dire, de la rassurer. Je me suis demandée si ses parents savaient que leur petite fille passe toutes les récréations toute seule dans un coin, attendant avec impatience que la cloche sonne pour retourner en classe, attendant avec impatience que ce soit l'heure de rentrer à la maison.
C'est triste quand même. A l'âge où tout ne devrait être que joie et insouciance.
Bien sûr, la gamine qui arrive maquillée (à 11 ans !) avec son petit short tout court, ses collants fins et ses bottes, avec ses mèches décolorées, elle, elle est beaucoup plus populaire. Mais pourquoi mériterait-elle plus d'être aimée que la petite Coline ? Parce qu'elle est plus dans le coup ? Parce qu'elle ne porte pas de lunettes ? Parce qu'elle est plus délurée ?
Je ne trouve pas ça juste.
Il y avait probablement quand j'étais à l'école une Coline dans ma classe. Je ne m'en souviens pas. Ses camarades ne se souviendront pas de Coline non plus. Plus tard, quand ils regarderont les photos de classe, ils se demanderont comment s'appelaient cette binoclarde et ce qu'elle a pu devenir... et puis ils passeront à autre chose.
4 commentaires:
Ah ben, c'est malin, je suis toute émue devant mon ordi, maintenant !!!
C'est dur de voir la réalité "sociale" s'emparer de nos petits, si petits...
Mais, comme tu dis, malheureusement, il n'y a pas grand chose à faire, pas grand chose à dire. On ne force pas les amitiés...
Maintenant qu'on est adultes et parents souvent, cette réalité nous serre le cœur. Je supporte vraiment difficilement de sentir un enfant malheureux, depuis que j'ai mon fils. Je ne me souviens pas que c'était aussi pénible parfois avant. J'essaie comme je peux d'expliquer à mon fils que les différences sont une richesse (la couleur, la taille, le poids, etc) ou encore qu'il a beaucoup de chance sur des tas de plans. Je ne crois pas que ça le poussera tout de suite à y faire attention dans la cour de l'école mais je continue parce que je sais qu'à long terme ce discours portera ses fruits.
Jolie histoire
@ La Papote : oui, ils sont tellement cruels.
@ Miss Rainette : je tiens le même discours à mes enfants et j'espère aussi que ça finira par porter ses fruits. Je crois que j'ai déjà un peu sensibilisé ma fille avec mes impressions.
@ Francois : un peu triste quand même...
Enregistrer un commentaire